Si la sélection naturelle faisait encore loi, je ne suis pas certaine que j’aurais été parmi ceux et celles ayant la plus longue longévité. Sans être l’idiote du village ou la folle aux chats, je ne suis clairement pas Einstein. Je n’étais jamais choisie en premier au ballon chasseur. Disons dans le 35e percentile. Et c’est arrivé qu’il ne restait que 2 ou 3 personnes et que l’on me prenne « pour ne pas être pris avec l’autre.
J’ai toujours eu des bonnes notes au primaire et au secondaire, sans être nécessairement si magistralement éloignée de la moyenne que ça soit digne de mention. Au Cegep, à l’Université, alors que la matière se complexifie, j’étais vraiment « direct » dans la moyenne.
J’apprécie beaucoup les sports, de plus en plus. J’aime améliorer mes performances et constater mes progrès, mais je ne gagnerai jamais une course. Je n’ai pas vraiment l’esprit de compétition très développé. Gagner contre moi est mille fois plus important que contre quiconque d’autre. Oui, j’éprouve de la fierté lorsque je remporte quelque chose, mais je n’en fais pas une quête. Si ça arrive, tant mieux. J’adore les activités qui me procurent de l’adrénaline, mais il faut que le facteur de risque soit contrôlé : je ferais du delta-plane, mais pas du parachute. J’aime les défis, tant qu’on n’attende pas que je les remporte contre quelqu’un d’autre : j’aime me dépasser. Je me fous un peu des autres et du bench mark (la plupart du temps!).
Je n’ai pas une tonne d’amis, de vrais. Ceux que j’ai cependant, je les chéris du mieux que je peux. Sans être asociale, à quelques exceptions près, je ne vais pas, ou très peu vers les gens. Je regarde de loin. Si on m’invite, j’accepte, mais parfois avec une certaine retenue. Certains appellent ça du snobisme, moi je rangerais plutôt ça du côté de la timidité.
Je ne fais pas peur à regarder, mais je suis loin d’être en lice pour être mannequin chez Victoria’s Secret ou le spécial maillot du Sports Illustrated! J’ai quelques kilos en trop, je suis (très) petite, mes dents ne sont pas parfaites, je n’aime pas mon profil et les rondeurs de mon visages, accentuées quand je souris (ça ne pourrait pas être quand j’ai l’air bête, genre pas quand on prend des photos !?).
Je ne suis pas charmeuse. On me prend comme je suis : on aime, ou on n’aime pas. Je ne ferai pas 56 simagrés pour plaire. Et la plupart du temps, ça ne me fait pas un pli. J’ai des opinions, mais je me rends compte que je ne connais pas de sujet en profondeur. Je ne suis la super experte de rien, mais ma curiosité fait de moi une bonne généraliste 😉
Bien que j’en aie toutes les capacités, dans un groupe, je ne suis pas nécessairement la leader naturelle. Si quelqu’un prend la place, je la laisse. Si personne ne la prend, je n’ai pas de malaise à la prendre et ça se passe toujours bien. Je ne me bats tout simplement pas pour l’avant-scène. Je suis celle que l’on oublie facilement, parce que quelqu’un de plus coloré a retenu l’attention. Et c’est correct, sauf que ça me coûte cher quand vient le temps de penser réseautage professionnel. No wonder que dans mon métier, je suis « on the dark side » …. 😉
Je ne fais pas une profession « noble » ou compliqué comme avocate, comptable ou notaire. Mon métier fait autant dans la nuance que dans le bullet proof. Je n’ai jamais eu de poste de direction ou qui nécessite une gestion de personnel importante. Je suis celle qui travaille dans l’ombre, dont l’apport opérationnel est crucial, mais remplaçable.
J’ai une maison respectable, mais pleine de défauts, de mauvaise-herbe, de besoins de petits travaux ou de grand nettoyage, bref, à mille lieues de faire les magazines de décoration et de terrassement.
J’ai une voiture intermédiaire, mais entrée de gamme, affectueusement surnommée, le « modèle de pauvre ». J’ai un peu de placement …. Et des dettes.
J’aime voyager, découvrir, mais j’aime me faire guider.
Je suis une femme ordinaire. Qui se demande, de temps en temps, comment garder le moral, la confiance en soi dans une société à ce point axée sur la performance ? J’ai la chance de ne pas avoir été victime d’abus, de maltraitance ou d’intimidation dans ma jeunesse, je n’ose pas me mettre à la place de ceux et celles qui doivent se battre contre ces fantômes. J’ai de grands objectifs professionnels, et je travaille comme une forcenée au grand désarroi de mes proches, en essayant de ne pas trop déprimer quand je compare le ratio heures travaillées contre heures libre et éveillée. Parfois, je me demande si je mets les efforts aux bons endroits.
Je ne suis pas déprimée, je suis de nature positive (malgré le ton que ce billet peut laisser entendre) et je suis la première à voir le bon côté de la médaille d’abord : ça a toujours été mon moteur, ma force d’avancer dans l’adversité. Je ne dénigre pas qui je suis, je reconnais ce que j’ai accompli, mais je ne peux m’empêcher de trouver ça peu. On s’entend que je suis loin du syndrome de Napoléon … 😉
Je pense que j’ai envie de prendre ma personnalité, et de la mettre en scène dans un roman. Car j’ai le sentiment que je ne suis pas seule dans cette galère, même si personne n’en parle parce que d’avouer ces faiblesses dans notre monde, c’est de faire une brèche dans le bouclier qui nous permet de passer au travers des journées. Ça commence à ressembler à un défi que je me lance… et auquel je pense depuis longtemps! Reste à trouver le reste, en m’assurant que « toute coïncidences ne peut être que de la fiction ». Des filons à me fourguer ? Pensez-vous qu’un personnage ordinaire peut gagner la sympathie du public, aujourd’hui ? ou faut-il être la SuperWoman de quelque chose pour avoir du succès ? La parole est à vous!